Michael Eric Dietrich : Schleier

2008

Du lundi 8 au dimanche 28
80x80 cm, impression sur soie

Michael Eric Dietrich, Schleier, 2008.  Courtoisie de l'artiste

 

« J'ai simplement trouvé ça extraordinaire de pouvoir prendre l'image d'un maître sur Internet, la répéter comme une obsession, lui donner une couleur quasi aléatoire, la faire imprimer sur soie et qu'elle soit portée par une jeune femme comme un événement » (Michael Eric Dietrich). L'œuvre se camoufle sous la forme d'un foulard, au motif standard de femme nue dans une pose classique. Entre un foulard cheap et un carré Hermès chic, ce voile - traduction du titre en allemand - a un statut imprécis.

Le motif en all-over, s'inscrit dans une filiation d'images appartenant à l'histoire de l'art : il reprend directement Eve, partie d'un diptyque avec Adam, d'Albrecht Dürer (1507, musée du Prado), et fait écho à une photographie de Marcel Duchamp et Bronia Perlmutter prise par Man Ray (1924), rejouant le diptyque précédemment évoqué. La reproduction d'une peinture, fait écho aux objets dérivés des œuvres originales vendues dans les musées, ou sur internet.

« Cette image idéale, représentant la femme dans un état idéal (virginité) et sous des traits idéaux rendus par un grand maître au temps d'un idéal de l'art. [...] Bien que nous ayons perdu cet idéal de l'art ; l'idéal féminin, soit le sujet de Dürer, n'a pas changé. Il est simplement devenu un motif » (Michael Eric Dietrich). La main d'Eve tenant la pomme, mise en miroir, a été transformée par montage en un motif décoratif - quasi abstrait - sur le contour de l'étoffe. Ce voile questionne notre réception de l'image. Le support rend l'image fluide, proche des multiples fonctions de la tapisserie au Moyen age. La peinture n'est plus une surface plane et rigide, mais un motif qui peut se dérober à la vue dans les plis du tissu. Schleier croise l'œuvre à regarder, et le vêtement à activer. « Le foulard doit être porté, rangé, aimé ou mal-aimé », selon Michael Eric Dietrich.

Michael Eric Dietrich est né en 1977 à Paris, il vit et travaille à Berlin. En 2005, il a été diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, avec félicitations du jury. La même année, il présentait Deux amis dont un loser, dans l'ancien espace de Bétonsalon dans le Marais.

SM