08/09 - 28/09/08

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“Ce qu’il s’agit d’interroger, c’est la brique, le béton, le verre, nos manières de table, nos ustensiles, nos outils, nos emplois du temps, nos rythmes.”
Georges Perec, L’infra-ordinaire, ed. Seuil, 1989

Le projet Playtime emprunte son titre au film dans lequel Jacques Tati fait d'une ville un terrain de jeu et révèle avec humour la marche, planifiée et absurde, de la modernité. Tativille - surnom donné aux décors du film - c'est à quoi ressemble le site en question de la nouvelle ZAC Paris Rive Gauche dans le 13ème arrondissement, et plus précisément le quartier Masséna Nord dans lequel est implanté Bétonsalon.
Ce quartier croît et s'habite avec ses utopies : la reconversion d'une ancienne friche industrielle, des « ilots ouverts » c'est-à-dire un rassemblement de bâtiments autonomes selon l'idée de l'architecte coordinateur Christian de Portzamparc, « l'université dans la ville » où le savoir se mélangerait avec les activités urbaines... Le journaliste Frédéric Edelmann écrit dans Le Monde en date du dimanche 23 mars 2008 : « Le costume architectural [vu comme une collection de bâtiments] est si présent qu'on le prendrait lui aussi pour un élément du décor, mais il faut entrer dans son jeu pour comprendre comment, derrière cette apparence complexe, s'organisent les volumes et des circulations ». Explorer la mise en œuvre de la planification urbaine du quartier c'est découvrir un chantier : quadrillage d'allées ne menant nulle part, rues sans nom, jardin en friche, affiches de simulations virtuelles du futur quartier... Playtime questionne cet espace, pour en révéler le « reste » selon le mot de Perec, ce qui ne se remarque pas, soit « du temps des gens des voitures et des nuages »*.

Dans Playtime, il est question d'usages, un terme entendu ici comme la manière d'agir dans un contexte régi par des codes (règles, aménagements, discours...) qui modifient et organisent nos interprétations et nos actions. La répétition quotidienne de ces actions modifie ou confirme nos interprétations de ce contexte. L'usage est le fruit des habitudes, de répétitions quotidiennes qui restent encore, pour des usagers du quartier, liées à la fonctionnalité des aménagements : mouvements pendulaires des salariés et des étudiants (métro / lieu de travail / métro), horaires d'ouverture et de fermeture des commerces...
On entend souvent la formule « le quartier manque de vie ». Cette remarque pourrait être traduite par une carence dans le potentiel fictionnel du quartier, c'est à dire un manque dans les possibles interprétations qui pourraient en être faites. Playtime entend proposer des déplacements au sein d'usages quotidiens et entendus : comment les usages que l'on fait d'un contexte déterminent-ils notre liberté d'agir dans celui-ci ? Quelles fictions admet le plan d'aménagement de la ZAC Paris Rive Gauche ? S'il est question d'émancipation, c'est en jouant des contrats qui organisent la manière de regarder une œuvre, de suivre un spectacle, de faire une fête ou de rencontrer une personne inconnue. Les pièces présentées dans Playtime composent un socle à ces fictions potentielles, un point de départ dans l'invention des usages par chacun.
Playtime propose d'explorer les interactions sociales à l'œuvre dans le quartier au moyen d'une exposition d'objets et d'actions ; proposés par des artistes issus des arts visuels, du théâtre, de l'architecture, de la danse... L'agencement des propositions pourrait produire des situations composées d'acteurs, d'accessoires et de décors. Les œuvres pourraient être des règles du jeu, des partitions, des didascalies ou bien encore des objets trouvés, témoins ou messagers. Entre performance et exposition, qu'elles aient lieu à des horaires définis à l'avance ou qu'elles soient montrées sur demande, ce sont les processus de monstration et la parole échangée qui seront au cœur de Playtime.

Il est donc question de temps de jeu/time to play, c'est à dire de parenthèses au quotidien, organisées selon certaines règles, plus ou moins opérantes. Une exposition qui s'écrit (comment cela va-t-il se construire), autant qu'elle s'efface (dans son caractère éphémère).

Mélanie Bouteloup, Grégory Castéra et Sara Martinetti

*Georges Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, 1975.

“What we have to interrogate is brick, concrete, glass, our table manners, our utensils, our tools, the way we manage our time, our rhythms.”
Georges Perec, L’infra-ordinaire, ed. Seuil, 1989


The project Playtime borrows its title from the film in which Jacques Tati turns a town into a playground, humorously revealing the pre-planned and absurd progression of modernity. The site that the project focuses on - the 13th’s ZAC Paris Rive Gauche ‘city university’, a new area made of concrete and glass - resembles Tativille. It is an area is growing with inherent utopias: the rehabilitation of a former industrial area, the « open blocks », a basic layout of solid and empty spaces following the concept developed by the architect Christian de Portzamparc, « the university within the city » where knowledge is mixed with urban activities… The journalist Frédéric Edelmann wrote in Le Monde on Sunday 23 March 2008: « The architectural outfit [seen as a collection of buildings] is so present that we might mistake it too for an another element of the decor, but it is necessary to enter into its game in order to understand how, behind this complex appearance, volumes and circulations are organised. »
To explore the development of the area’s urban planning is to discover a construction site: a grid of paths leading nowhere, unnamed streets, uncultivated gardens, virtual simulations of the area in the future… Playtime questions this space, revealing what Perec refers to as “left-overs”, in other words, what is unnoticed, « time, people, cars and clouds » .

Playtime focuses on “usages”, to be understood as ways to act within a context that is governed by codes (rules, arrangements, speeches…), which modify or organize our interpretations and actions. The quotidian repetition of these actions modifies or confirms our interpretations of this context. The “usage” is the fruit of habits that remain linked to how well the amenities work: principally the to-ing and fro-ing of the workers and students (metro / work / metro), opening and closing hours of shops… People say the area lacks life. This remark could be translated as a lack in the fictional potential of the area, that is, in the possible interpretations that it generates. Playtime intends to place small interventions at the heart of common daily activity: How does the use that we make of a place define our freedom to act in it? Which fictions does the development plan of the Zac Paris Rive Gauche enable? If it is a question of emancipation, emancipation happens through playing with the contracts that control the way in which we look at a work, watch a performance, have a party, or meet someone new. The works presented in Playtime articulate a basis for potential fictions, a starting point for inventing usages.

Playtime aims to explore the social interactions existing in this particular context through an exhibition of objects and actions, proposed by artists working within the visual arts, theatre, architecture, dance… The arrangement of their propositions will create situations composed of actors, accessories and backdrops. The works might serve as the rules of the game, stage directions or as found objects, witnesses, messengers. Somewhere between performance and exhibition, whether occurring at a scheduled time or being shown on request, the process of exhibiting and the exchange of words are at the core of Playtime.

It is therefore a question of ‘temps de jeu’ (playtime), parenthetical to the everyday, organised according to certain rules, more or less operational. An exhibition that writes itself (how will it construct itself), as much as it disappears (in its ephemeral character).

Mélanie Bouteloup, Grégory Castéra and Sara Martinetti
*Georges Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, 1975.

Fanny Adler & Vincent Madame, Atelier Bow-Wow, Nina Beier & Marie Lund, Katinka Bock, Simon Boudvin & Vincent Ganivet, François Chaignaud, Guillaume Constantin, Julio Cortázar & Dora García & Loreto Martinez Troncoso, Das Dingbât, Fanny de Chaillé, Jean-Charles de Quillacq, Jochen Dehn, Florent Delval, Michael Eric Dietrich, Driessens & Verstappen, Chloé Dugit-Gros, Dario Escobar, FormContent, Ryan Gander, Yves-Noël Genod, Dominique Gilliot, Daniel Gustav Cramer & Haris Epaminonda, Jeune Fille Orrible, Patrick Killoran, Ji?í Kovanda, Seulgi Lee, Nicolas Mémain & Denis Moreau, Ivana Müller, Roman Ondak, Carole Perdereau, Philippe Quesne, Paul Ramírez Jonas, Dan Rees, Seconds couteaux, Bertrand Segers & Matthieu Garcia Lamolla, Yann Sérandour, Virginie Thomas, Guido van der Werve, Adrien Vescovi, Annie Vigier & Franck Apertet (les gens d'Uterpan), W, Raphaël Zarka

Un projet conçu par Mélanie Bouteloup et Grégory Castéra

En référence au film de Jacques Tati et en écho à la nouvelle Zac (zone d'aménagement concerté) Paris Rive Gauche dans le 13e arrondissement, le projet Playtime, présente des objets et des actions d'artistes questionnant l'usage que l'on fait d'un lieu, pris entre contraintes et liberté.

Ce site est conçu pour accompagner le projet Playtime, mais il a pour vocation d'évoluer tout au long de l'année grâce à vos contributions. Si vous voulez apporter votre témoignage ou proposer un projet pour ce site, écrivez à info@betonsalon.net.

Informations pratiques

9 esplanade Pierre Vidal-Naquet
Rez-de-chaussée de la Halle aux Farines
75013 Paris

 

Accès : Métro ligne 14 ou RER ligne C, arrêt Bibliothèque François Mitterrand

 

Ouverture : de mardi à samedi de 12h à 21h
ENTREE GRATUITE


Bétonsalon bénéficie du soutien de la Ville de Paris, de l'Université Paris 7 - Denis Diderot, de la Direction régionale des affaires culturelles d'Ile-de-France - Ministère de la Culture et de la Communication, du Conseil régional d'Ile-de-France, de Hiscox Assurances et du magasin Leroy Merlin de Ivry/Seine.